• Lucien Cordier, unique policier d'une petite bourgade africaine, est un être faible. Sa femme le trompe, les proxénètes le provoquent ouvertement : le représentant de l'ordre est la risée du village. Rabroué par son supérieur, Lucien entre dans une folie meurtrière.

    J'ai chopé le synopsis sur internet. Je vous le livre « tel quel » - alors qu'habituellement, j'aime plutôt utiliser « mes mots à moi » - parce qu'il y a deux formules qui m'asticotent : « un être faible » et « folie meurtrière ».

    Formulé comme cela, on pourrait croire que les humiliations subies par Cordier et sa propension à les « accepter » font de lui un être faible. Pour ma part, j'ai toujours trouvé que c'était la grande force du personnage, même si les apparences - de lâcheté notamment – jouent contre lui. Non, pour moi, la faiblesse qui est la sienne dans le film, c'est celle qui le conduit au meurtre. C'est l'abandon d'une forme d'humanité dont il semblait être, dans sa « faiblesse » - et jusqu'à ses pétages de plombs - le seul représentant.

    A noter (je mets souvent des "à noter"), les prestations d'Isabelle Huppert (Isabeeeelllllllle !!!) et Eddy Mitchell, excellentes.

    Bertrand Tavernier, France/Sénégal (1981)

     



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  • Tout est gris dans l'univers de Mona, 17 ans, et de Franck Poupaud, représentant de commerce dans une boite minable. Ils se rencontrent au hasard d'un énième porte à porte. Poupaud essaie de refiler sa marchandise à une grand-mère acariâtre. Celle-ci ne veut pas lâcher un kopeck et lui propose plutôt de le payer "en nature". Elle lui propose Mona.

    C'est l'histoire d'une fuite droit dans le mur. Tout est horrible dans ce film. Bien que tourner en couleur, on a l'impression de voir un film en noir et blanc. Mais l'utilisation du noir et blanc eût été trop "propre", trop net. Là, l'univers des personnages nous colle à la peau et leur atmosphère nous fait suffoquer. Boulot de merde, ville de merde, Existence de merde. Tout est réuni pour créer des monstruosités « domestiques ». On voit là le lit à la misère et l'on croit voir resurgir les personnages qu'Hugo décrit dans les Misérables. Des Ténardier, bien sûr mais ici, point de Valjean.

    Pas de répit, pas de héros, rien à quoi se raccrocher. Drôle de film.

    La puissance de ce film tient en ce qu'il touche tout le monde. Comment lutter contre la fatalité quand rien ne semble vouloir vous sourire ? Comment se créer soi-même un peu d'espoir quand il semble déjà écrit qu'il serait vain d'attendre quoi que ce soit des autres ?

    A noter, encore une fois, la prestation incroyable de Patrick Dewaere et celle d'une toute jeune Marie Trintignant.

    Alain Corneau, France (1978)


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  • Bon ben (je commence souvent mes bafouilles par "bon ben"), hier, je me suis tapé deux films ! Deux films récents (2006).


    Le Vent se Lève et Indigènes.

     

    Deux films drôles, cela va sans dire, puisque les deux traitent de conflits armés. De guerres, autrement dit. Autant vous dire, que j'ai écrasé une larme pour l'un (Le vent se lève) et que j'en étais encore à deux doigts pour l'autre. Mais pas pour les mêmes raisons, et celà fera l'objet de mon petit mot.

    Dans le premier cas, j'ai vraiment été secoué par la dureté de la guerre, certes, mais dans ce qu'elle a de pire, je trouve. Pas dans les "bang bang" entre les deux camps. Non ! Dans ce qu'elle broie les plus faibles. Dans ses décisions inhumaines. Dans ses exécutions sommaires où il n'y a pas que le condamné qui meure en réalité. Oppression et répression conduisent à la négation de soi, et c'est insupportable. C'est ainsi que l'on en vient à tuer un proche, un semblable. Le pire, c'est que s'immiscerait presque en nous l'idée qu'aucun n'a vraiment le choix, qu'aucun ne pourrait agir autrement. On se dit qu'on en serait venu à la même horreur, et que notre main aurait également pressé sur la gâchette. Tuer sans haine...C'est pas la même chose, non ?!

    Dans le second cas, c'est un sentiment de honte et de haine que j'ai ressenti. De colère aussi. Pour les salauds, les malhonnêtes, les manipulateurs, les profiteurs, les politicards oublieux. Je le savais avant pourtant. Je me suis toujours dit "mais comment ils ont pu faire ça !" à propos des Harkis, notamment. Le Film de Rachid Bouchareb a ravivé ça chez moi. Et comme l'a dit Ségolène il y a peu, "il y a des colères qui sont très saines". J'en tiens une bonne, là !

     

    Indigènes, Karim Bouchareb, Algérie, Maroc,France (2006)

    Le Vent se Lève, Ken Loach, Angleterre (2006)


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  • Attention, chef d'oeuvre !

     

    Que d'emphase sur ce blog, que d'emphase ! Mais là, les gars et les filles, on parle de Robert Redford et de Paul Newman ! On a jamais réuni autant de classe sur un même plateau de cinéma !

    Pour l'histoire, c'est un western. Une bande sur le déclin dont le malicieux Butch Cassidy (Paul Newman) est le chef. Un tireur plus rapide que son ombre (Robert Redford). Et...le braquage de trop. La bande de gansters s'attaquent deux fois de suite au même train. C'en est trop pour la principale victime, un homme puissant, qui engage une troupe d'élite pour traquer la bande et mettre hors d'état de nuire les deux compères.

    Un film magnifiquement réalisé par George Roy Hill. C'est trépidant et très drôle. La photo est superbe et la musique est très chouette aussi. A travers cette histoire, c'est un peu la mort des bandits de grands chemins que l'auteur évoque. Le pays s'est transformé. Des gens puissants et organisés n'ont pas l'intention qu'on touche à leur business. Et puis il y a la notion d'autodéfense, chère aux Américains et inscrite dans la constitution comme un droit inaliénable. Les Etats-Unis, tels qu'on les connaît aujourd'hui, sont en marche !

    Je vous raconte une petite scène ?

    Le tandem a fui les Etats-unis pour la Bolivie, encensée par Butch Cassidy comme un véritable eldorado. Les deux compères, accompagnés de l'amie de Butch arrivent sur le quai d'une gare. Ils en sortent. C'est un véritable trou perdu. Là tout n'est que...poussière, boue et cochons puants. Nul calme, nul luxe et nulle volupté ! Le kid, souvent de méchante humeur, s'exclame, en repensant à la façon exaltée dont Butch parlait de ce pays, "AH LA BOLIVIE..." ! Irrésistible.

    Evidemment, il faut le voir !

     

    George Roy Hill, Etats-Unis (1969)


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  • Alors là, attention, c'est du lourd. Bon, je vous préviens, des films avec Patrick Dewaere, y'en aura d'autres...J'aime beaucoup cet acteur !

    Là, il s'agit d'un film qui vous remue les tripes et vous met la haine contre tous les gros cons. C'est un peu rudement dit mais, c'est ce qui me sort, là, comme ça, en l'écrivant.

    En gros : à Trincamp, y'a une usine et un club de foot. Et pas grand chose d'autre à faire qu'aller boire des coups au bistrot du coin quand on sort du boulot. Les joueurs de l'équipe de foot travaillent à l'usine, qui emploie, on le devine, bon nombre des bras de la petite ville. François Perrin joue dans l'équipe réserve. Lors d'un entraînement, il a une altercation avec le chouchou du club, attaquant dans l'équipe première. Evidemment, il est viré de l'équipe, et le lendemain, de l'usine .Dès lors, il est « tricard » où qu'il aille. On l'accuse même d'un viol, sur les faux témoignages des hommes de main de Sivardière (Jean Bouise, excellent, comme souvent), le PDG de l'usine.

    Jusqu'au jour où on vient le chercher en prison pour jouer au foot, à la faveur de l'accident du car des joueurs, qui se rendait à une importante rencontre de coupe de France.

    Et là, il plante deux buts...

    Crispant puis jubilatoire. A voir ABSOLUMENT !

     

    Jean-Jacques Annaud, France (1979)

     

    http://www.dewaere.online.fr


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